L’auteure Aminata Aidara devait être accueillie en résidence au Grand R en avril. Elle imagine une proposition d’écriture à distance, gratuite et ouverte à toutes et à tous : Les Mots de la tribu.

Les Mots de la tribu, (titre original Lessico Famigliare, 1963), de Natalia Ginzburg, est l’un de ces romans qui utilisent les dictons, les recommandations, les héritages linguistiques, les malentendus et les mots du quotidien pour bâtir une histoire. Je vous la fais courte : la narratrice protagoniste nous livre un roman autobiographique où la Grande Histoire se mêle à la Petite sans que jamais les événements politiques ne priment sur les trajectoires des protagonistes (tout en les influençant, bien sûr). C’est une Italie plongée dans la guerre, la résistance, la libération et l’après-guerre, mais c’est surtout une famille et son entourage s’échangeant des formules qui en disent beaucoup sur les personnalités de chacun, les relations entre eux, les valeurs qui les habitent. Voilà le mot-clé de ma proposition littéraire : habiter. Oui, car les mots transmis par les personnages de cette tribu, sont une véritable maison : on s’y assoit, dans cette maison, et au bout d’un moment on a l’impression de connaître tout le monde. On voyage avec les amis et la famille de la protagoniste d’un endroit à l’autre de l’Italie, et au-delà. Et cela, sans que jamais la solitude de la distance prenne pied, parce qu’il y a ces mots qui habillent et réchauffent même la plus froide des chambres. Et puisque toute la première partie est racontée par le prisme d’une fillette, j’ai pensé de vous proposer d’écrire un récit (maximum 10.000 signes espaces inclus) sur votre enfance, et les mots qui l’ont accompagnée, les malentendus, peut-être drôles, qui l’ont traversée. Parce que parfois il existe des phrases dont le sens a été détourné par notre jeune âge, raison pour laquelle on s’en souvient encore. Si je devais commencer une nouvelle à ce sujet je dirais :

Gamine, j’étais la seule de ma classe à ne pas aller au catéchisme ni à la paroisse. Dans ma famille, d’ailleurs, ces mots n’avaient jamais été prononcés et leur sens m’était donc obscur. Mes camarades de l’école élémentaire disaient « On se retrouve au catéchisme » et de mon côté j’imaginais que c’était une activité sportive comme le judo, le volley, l’athlétisme, et puisque personne ne m’avait jamais invitée à y aller, je rétorquais en me feignant très occupée « Moi j’ai piscine ! ». Si en revanche, ils disaient « On passe du bon temps à la paroisse », j’imaginais qu’il s’agissait d’une calèche, va savoir pourquoi, et je répliquais : « Moi je préfère la voiture de ma mère ». Ces échanges, n’étaient que la pointe de l’iceberg d’une joyeuse confusion concernant les religions et leurs pratiques, confusion qui a accompagné toute mon enfance… »

À vos plumes !

AMINATA AIDARA

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Un atelier ouvert à toutes et à tous. Nombre de signes (espaces inclus) : 10 000.
Textes à envoyer par mail à l’adresse avant le 8 mai : litterature@legrandr.com avec comme objet : Les Mots de la tribu

Remarque importante : ces textes sont susceptibles d’être rendus publics par Le Grand R (ex. : publications sur notre site Internet, restitution publique) sauf désaccord de votre part, dans ce cas, rien de plus simple : il vous suffit de nous indiquer dans le mail que vous ne souhaitez pas que votre texte soit rendu public et nous respecterons votre choix.

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AMINATA AIDARA

Aminata Aidara, italo-sénégalaise, est née en 1984. Primée pour le recueil de nouvelles La ragazza dal cuore di carta en 2014, elle publie des nouvelles en italien et en français depuis 2009.
Je suis quelqu’un est son premier roman.
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