En résidence du 12 au 16 février au Grand R, Lise Dusuel prépare Bruits blancs, une pièce chorégraphique pour 4 danseurs programmée le mardi 21 mars à 19h au Cyel. Rencontre avec la danseuse et chorégraphe yonnaise.

Peux-tu nous parler de cette résidence au Grand R ?
Nous sommes vraiment en fin de processus de création de Bruits blancs. Nous profitons du studio de danse du Grand R pour affiner notre création lumière avec Joé Defossé, notre éclairagiste. Comment poser la lumière sur les corps, c’est toute une réflexion pour nous. La lumière permet de dessiner l’espace, de le séquencer ou de l’englober. Cette résidence est aussi l’occasion de finaliser les costumes de la pièce avec Nathalie Nomary et voir comment ils réagissent à la création lumière.

Comment s’est construit Bruits blancs ?
L’envie de créer cette pièce est parti d’un constat personnel. J’ai l’impression que nous sommes de plus en plus accaparés par nos routines et charges mentales, auxquelles s’additionnent des informations qui nous arrivent de toute part mais qu’il est impossible de traiter. L’idée de Bruits blancs est donc d’examiner cette surcharge d’informations et d’interroger les façons de prendre de la distance avec ça. Je pense que la meilleure façon de nuancer ce brouhaha c’est d’ouvrir les débats, entamer les discussions, s’ouvrir aux autres et créer du lien. Bruits blancs est une pièce qui tente de mettre toutes ces observations sur scène à travers nos corps et questionne la manière dont nous interagissons les uns avec les autres.

Comment ces idées se déploient sur scène ?
Nous avons abordé plusieurs concepts. Nous avons d’abord travaillé sur des postures voutées pour ensuite aller vers des postures ouvertes. Petit à petit, nous avons décliné ces postures pour leur donner des graduations différentes, extrêmes. Nous avons aussi travaillé les gestes du quotidien. Par exemple, par quels gestes doit-on engager une discussion ? Comment interpeller quelqu’un ? Là aussi, l’idée a été de décliner ces gestes pour qu’ils soient vifs, doux, fragiles ou encore minimalistes. C’est un gros travail sur les énergies et les intentions et surtout un travail qui vise la nuance.

Quelle est la place de la musique dans la pièce ?
C’est Hugo Sellam qui a composé la bande son. Elle est imprégnée d’un bruit constamment présent que le public peut conscientiser ou non. La pièce s’entame avec des sonorités électroniques pour mettre de la distance entre les corps et va vers des sons acoustiques et organiques qui vont davantage créer du lien et de l’ouverture.

Bruits blancs est un éloge de la modération.
Les interactions humaines manquent parfois de discernement, de contraste, de nuance alors que chaque individu, plongé dans une course folle, poursuit ses objectifs propres, et est sommé à prendre position. En mêlant hip hop et danse contemporaine et en s’appuyant sur la gestuelle de chacun des interprètes comme véritable vecteur de discussion, cette pièce est l’occasion de revaloriser l’échange comme moteur de ce qui nous lie, de ce qui nous anime.

Danseuse et chorégraphe yonnaise, collaboratrice des compagnies Chute Libre et S’Poart, Bruits blancs est la deuxième pièce de Lise Dusuel.

Bruits blancs
Mar. 21 mars | 19h
Le Cyel
Durée 1h20
Tarif B


En coréalisation avec le Conservatoire dans le cadre de sa saison culturelle