Salia Sanou est une figure majeure de la danse contemporaine internationale. Il devient artiste associé au Grand R pour 3 saisons.

Né au Burkina Faso, il suit des cours de théâtre et de danse africaine avant d’intégrer la compagnie de Mathilde Monnier en 1993. En 2006, Salia Sanou et Seydou Boro fondent et dirigent le Centre de développement chorégraphique, La Termitière, au Burkina Faso. Ce projet d’envergure internationale, dédié à la création et à la formation, est le premier du genre en Afrique. Il crée en 2010 sa compagnie, Mouvements perpétuels,
« prolongement de [sa] conviction en la force de la culture comme facteur de rapprochement des humains. » Déjà accueilli au Grand R avec Poussières de sang et Au-delà des frontières, son spectacle Multiple-s, devait être présenté ce mois-ci. Cette saison, Salia Sanou sera accueilli au printemps pour une résidence de travail sur sa prochaine création, D’un rêve. Un spectacle qui s’interrogera sur le rêve : comment s’élabore-t-il et surtout existe-il encore la possibilité d’un rêve collectif et universel ? Répétitions ouvertes à tous, temps de rencontres avec le public, ateliers en temps scolaire, stages avec des lycéens de spécialité danse et des élèves du Conservatoire…, cette résidence sera l’occasion de nombreuses rencontres.

Pour les deux prochaines saisons, les projets sont multiples. Des temps de formation professionnelle dans le cadre d’un partenariat entre  Le Grand R à La Roche-sur-Yon, La Termitière à Ougadougou et le CNDC d’Angers devraient voir le jour la saison prochaine.  Autre projet phare : À nos combats, un spectacle sur l’univers du ring de boxe et son histoire, qui mêlera des danseurs amateurs et professionnels.

3 questions à Salia Sanou

Selon vous, quel est le rôle de la danse dans notre société ?
La danse est un art exigeant qui convoque plusieurs qualités comme la discipline, la rigueur, le travail régulier ; sa particularité est que son expression émane du corps – et du corps essentiellement – quel que soit l’âge du danseur et son histoire ; cela pour dire que je tiens particulièrement à mon identité de danseur qui a muté progressivement vers celle de chorégraphe. La danse m’a ouvert de nombreux horizons, mais aussi des espaces symboliques très riches comme la poésie, la musique, les arts plastiques et visuels. Elle m’a appris à regarder le monde, à mieux saisir ses chaos et ses richesses, à rencontrer l’autre, les autres bien au-delà de leur façon de danser ou de bouger. En ce sens, la danse ouvre à l’étonnement, à la curiosité, mais aussi à la fragilité, aux fractures, à l’observation de différentes cultures. Pour moi, tous ces vecteurs de sens placent la danse comme un art majeur dans toutes les sociétés.

Peut-on dire que votre travail est fondé sur le dialogue ?
Si mon travail est fondé sur le dialogue, il s’agit d’un dialogue entre les corps, fait de phrases chorégraphiques inscrites dans
le geste, l’adresse et l’intention, car pour ce qui est de la parole, je ne suis pas très bavard. J’observe, je dirige, je corrige l’expression des corps pour qu’elle soit au plus juste avec le sens, pas un simple geste mais une forme qui se veut sensible, qui peut même échapper à l’interprète. La plupart de mes créations se sont construites autour de rencontres avec d’autres artistes, musiciens, écrivains… La danse permet ces dialogues. Il s’agit de s’approprier une parole, une musique, une voix, un son, autant d’éléments qui, accordés au corps des danseurs, nous transmettent des échos du monde, du monde dans ce qu’il a de terrifiant, mais aussi de réjouissant !

(…) être associé à une grande maison et à un projet  artistique de territoire,  me conforte dans  l’idée qu’il est encore  possible de rêver et d’espérer. »

Qu’attendez-vous de ces années à venir comme artiste associé au Grand R ?
C’est une expérience à venir qui me remplit d’énergie ! Être accueilli dans une grande maison de création, où de nombreux artistes sont programmés pour le public, me projette dans un avenir heureux. C’est comme si j’avais deux maisons, l’une en Occitanie, à Montpellier plus précisément,  et l’autre en Pays de la Loire, à La Roche-sur-Yon. Il s’agit pour moi d’investir l’opportunité de cet accueil en apportant mon esprit de création autour de la danse avec l’équipe, avec le public du territoire mais aussi avec le lieu ! Venant  du Burkina Faso, j’ai appris très vite à vivre entre deux rives. C’est donc pour moi une expérience que j’imagine riche et, je l’avoue, qui m’honore, car être associé à une grande maison et à un projet artistique de territoire, me conforte dans l’idée qu’il est encore possible de rêver et d’espérer.